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NEWS - Aéroclub de Montpellier

Les ailes déployées du désir 

Vol. À l’occasion de la journée mondiale de l’aviation civile, jeudi, Midi Libre vous embarque au sein des deux aéro-clubs.

A ntoine de Saint-Exu péry avait pour habitude de dire que « toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants mais peu s’en souviennent ». Et, à bien observer les yeux pétillants de bonheur des adhérents des deux aéro-clubs qui nous intéressent aujourd’hui, il ne fait aucun doute que les pilotes modernes ont suivi les précep tes de l’aviateur disparu en vol  le 31 juillet 1944.

« Voler apporte un sentiment de liberté sans équivalent. C’est indéfinissable mais sachez que c’est du bonheur à l’état pur », assure Pierre Haubois, qui a porté pendant plus de 8 000 heures sa combinaison de pilote de chasse, dans des cockpits de Jaguar, Mystère IV ou encore Mirage 2000, avec lesquels il est notamment intervenu dans le ciel Africain.

Création d’une section handivol

À 78 ans, ce solide gaillard aux yeux clairs en parait vingt de moins. « Ce sont les g (unité d’accélération, NDLR) qui lui ont tiré les traits et l’oxygène du masque qui a ralenti son vieillissement ! », plaisante son ami et président de l’aéro- club de Montpellier (fondé en 1975), Pierre Sartre. Ce der- nier gère un cabinet d’expert- comptable réputé à Montpellier. « Il y a toutes les catégories socioprofessionnelles ici, affirme-t-il. De l’éboueur au sportif de haut niveau, en passant par le médecin. Et tout ce petit monde cohabite parfaitement dans une belle ambiance ».

Tout ce petit monde, ce sont 200 adhérents, dont 25 % de jeunes de 20 à 25 ans. « Nous faisons beaucoup de formation dans ce club », explique Damien Mennella, responsable de la toute nouvelle section handivol. « Après mon accident de voiture, j’ai dû économiser pendant quinze ans pour acheter un avion adapté à mon handicap. Alors, nous créons cette section handivol - il n’en existe qu’une poignée en France - pour permettre à des gens comme moi de voler sans trop dépenser d’argent », explique celui qui cherche encore des partenaires pour boucler le financement de son projet, évalué à 100 000 €. D’autant que, comme l’assure son trésorier Jean-Marie Suquet, l’aéro-club de Montpellier « vient de casser sa tirelire pour l’achat de deux nouveaux appareils ». Ces deux avions-écoles, livrés en février, seront « plus modernes, moins polluants et, sur- tout, moins bruyants puis- qu’ils passeront de 100 déci- bels à 58 », détaille Pierre Sartre. Une nouvelle qui devrait ravir les riverains de Pérols, Boirargues ou encore Lattes, qui appellent réguliè- rement l’aéroport de Montpellier pour se plaindre du bruit des moteurs qui volent au-dessus de leurs tètes.

Une discipline qui se féminise petit à petit... À un jet de blouson de cuir du hangar blanc, se trouve l’aéro- club de l’Hérault. Ses 10 avions, ses 350 membres (dont 20 voltigeurs), ses quatre salariés et ses 4 500 heures de vol par an. « Nous sommes le premier club en France à avoir été affilié à la Fédéra tion aéronautique, en 1905 », explique Xavier Bertaud, son vice-président.

Les aéro-clubs de Montpellier (à g.) et de l’Hérault (à d.) proposent de nombreuses formations de pilotage.

Caroline du Nord, le Wright Flyer et ses deux ailes en bois parallèles. Mais l’engouement pour cette nouvelle discipline est déjà international. « Des gens au sein de ce club ont compté parmi les pionniers, comme René Picot de la Beaume (années 1920) et Ulysse Vergnes (1940) », ren-chérit Xavier Bertaud, qui a réalisé son premier vol à l’âge de 15 ans. « L’aviation est une école de la rigueur et du dépassement de soi, ce qui peut se révéler très utile dans la vie », avoue-t-il, assis au centre du restaurant de l'aéroclub

80 couverts réservé aux adhérents et... aux adhérentes. Car, comme l’aéro-club de Montpellier, celui de l’Hérault compte une vingtaine de femmes dans ses rangs. « L’uni- vers de l’aviation a peut-être été considéré pendant longtemps, à tort, comme machiste. Mais les mentalités sont en train de changer », assure Xavier Bertaud. « Et puis les avions modernes demandent moins de force qu’auparavant », ajoute Pierre Haubois, du club voisin. Voilà donc un sujet sur lequel s’accordent parfaitement les deux structures : l’aviation se féminise et c’est tant mieux !
Mais si aujourd’hui les deux associations assurent entretenir une entente cordiale, cela n’a pas toujours été le cas.
« Dans les années 1970, il y a eu une scission pour quelques petites broutilles entre hommes, croit savoir Pierre Sartre. C’est du passé désormais. »

Mais un indice permet peut- être d’éclaircir l’origine de la dispute. Dans les statuts de l’aéro-club de Montpellier, il est en effet stipulé qu’il est interdit « de discuter de politique ou de religion ». Et c’est tant mieux car, de toute façon, ce ne sont pas des sujets qui intéressent les enfants.

SÉBASTIEN HOEBRECHTS  shoebrechts@midilibre.com

Aéro-club de Montpellier,
04 67 65 59 38 ;  http://www.aeroclub-montpellier.org- Tarifs : environ 130 € pour 1 h de cours.